#Décryptage propose un retour sur un sujet d’actualité ou un fait divers qui nous a interpellé. Nous vous proposons une analyse complémentaire afin d’y voir plus clair.

Il y a quelques jours, nous avions interpellé la Promenade Sainte-Catherine au sujet de leur événement intitulé Bubble Days. Celui-ci faisait la part belle aux ballons en plastique et cela quelques jours avant un autre événement dédié à la préservation de l’environnement et plus particulièrement aux océans (avec ces mêmes ballons en arrière plan d’ailleurs).
Après informations complémentaires, la Promenade Sainte-Catherine nous a indiqué que ces ballons étaient d’une part réutilisables plusieurs fois mais également recyclables.
Cet argument est souvent utilisé de façon abusive et à tort pour relativiser l’usage du plastique avec une « conscience environnementale ». Downcycling, pollution aquatique, manque de filière de traitement, coût, problème de collecte… nous vous proposons plusieurs échanges avec des acteurs engagés sur le sujet. Nous commençons avec La Plastiquerie.

Entretien avec Amandine Boutang de La Plastiquerie : 

Amandine, qu’est ce que La Plastiquerie, nouvelle structure sur le territoire ?

AB : C’est une association basée dans l’Entre-Deux-Mers qui a pour but de sensibiliser la population (particuliers et professionnels) à la réduction de l’utilisation du plastique via un atelier de valorisation et une offre de conseil et d’accompagnement à la réduction/valorisation du plastique pour les professionnels.

Quand on parle de recyclage, on pense souvent au plastique. Est-ce que tous les objets en plastique sont recyclables ? Et peut-on refaire le même produit à partir d’un objet en plastique recyclable ? 

AB : Le forum économique mondial révèle que 40% des déchets plastiques sont enfouis, 32% finissent dans la nature, 14% sont incinérés, 14% sont recyclés. De ce recyclage, seulement 2% sont réellement bien recyclés : le reste est du downcycling, ce qui signifie que le plastique est retravaillé et réutilisé pour créer un nouveau produit plus polluant.
Il existe 7 types majeurs de plastiques, noté de 1 à 7 dans un cercle de Moëbius. Tous n’ont pas la même recyclabilité. Si certains sont très simple à retravailler, comme le PET (1) dont la filière de recyclage est bien développée, le PP (5) et le PS (6) peuvent également être facilement transformables, mais les filières n’existent pas vraiment. Il y a aussi le (7), nommé « OTHER » qui regroupe tout un tas de matières différentes, et donc non recyclable…

Est-ce qu’un objet peut-être constitué de différents plastiques et si oui quel problème cela pose t’il en terme de recyclage ? 

AB : Beaucoup d’objets sont composés de différentes matières et donc aussi de différents plastiques, à l’exemple des jouets pour enfant avec un système électrique à l’intérieur. L’extérieur est souvent en PP (Plastique – N°5), les composants plastiques à l’intérieur sont souvent en ABS (souvent utilisé pour d’imprimante 3D).  Le démantèlement est alors une étape supplémentaire du traitement, ce qui rend encore plus difficile sa recyclabilité. Il faut comprendre que les différents types de plastique ne se recyclent pas de la même façon. Ils ont tous une température de fonte différente, et des propriétés propres qui font qu’on ne peut pas les mixer entre eux.
Un objet constitué de différents types de plastique est donc quasi sûr de finir soit à l’enfouissement, soit à l’incinération.

Où et comment est recyclé le plastique ? 

AB : Chaque plastique a un système de recyclage différent (différentes températures de transformation, nécessité de broyer, ou d’étuver avant la fonte, etc..). C’est là toute la complexité du recyclage. Si le process n’est pas respecté, il est donc difficile de valoriser le déchet plastique dans une matière qui serait elle de nouveau utilisable, pour le même objet.
Dans les grands groupes (entreprises, collectivités, …), qui produisent beaucoup de déchets plastiques, les gisements sont identifiés et séparés. Les groupes de traitement des déchets, comme Suez et Veolia, constituent des « balles » de plastique pré-trié qu’ils envoient dans une usine capable de traiter tel ou tel type de plastique. Ces usines sont plus nombreuses en Espagne qu’en France actuellement.

Pour les particuliers, le recyclage des déchets plastiques dépend du centre de tri auquel ils sont rattachés, et de la technologie de leurs machines. Si certains centres sont équipés pour différencier les matières et les polymères, d’autres ne sont pas aussi encore aussi avancés…

Le week-end dernier, nous avons interpellé la Promenade Sainte-Catherine suite à l’opération Bubble Days qui mettait en avant une scénographie avec des ballons en plastique (type PVC) distribué au public, ainsi que des animations avec des ballons jetables. Est-ce que ce type d’objets peut être recyclé ?

AB : Peut-être que la Promenade Sainte Catherine a un partenariat avec un fabricant de ballon en PVC, qui s’engage à les récupérer et à les recycler à la fin de l’événement… Dans ce cas, le PVC recyclé sera utilisé à la place de PVC vierge dans différentes applications : les revêtements de piscines, les semelles de chaussures, les tuyaux d’arrosage, les membranes de tunnel, les tissus enduits, les feuilles en PVC,…

Pour ce qui est des ballons baudruches distribués au grand public, il y a très peu de chance qu’ils soient recyclés. Bien que les déchets plastiques souples, dont les ballons de baudruche, ne représentent que 5% des débris ingérés par les oiseaux marins, ils sont responsables de plus de 40% des décès.
Réduire et éliminer ces débris plastiques en mer est essentiel, à commencer par les ballons. En France, certaines préfectures ont d’ailleurs d’ores et déjà mis en place une réglementation au sujet des lâchers de baudruches. À chacun de nous aussi d’être plus responsables et de trouver d’autres idées pour les décos festives !


Pour plus d’infos sur La Plastiquerie :
www.laplastiquerie.com