#Zoom sur c’est une série de portraits d’acteurs, agissant pour un monde de demain réfléchi et durable en lien avec la réduction des déchets et la lutte contre le gaspillage. 
Après un article sur Geev, nous continuons notre série de portraits avec un acteur proposant une solution pour le réemploi des peintures usagées.

# 03 – Zoom sur Circouleur – entretien avec Maïlys Grau : 

Circouleur, pourquoi ce nom ?

MG : C’est la contraction entre l’Économie Circulaire, qui est le principe fondateur de l’entreprise, et la couleur, la fonction première d’une peinture.

Mais Circouleur, c’est quoi alors ?

MG : Circouleur, ce sont des peintures acryliques recyclées, qui sont de qualité premium avec de très belles couleurs tendance et qui ont un impact bénéfique sur l’environnement, la société et la santé des utilisateurs. Mais c’est aussi une filière de recyclage pour les fins de chantiers qui n’avaient aucune solution de valorisation matière jusqu’alors !

Comment et pourquoi tu t’es dit, un jour, il faut agir ? 

MG : En me rendant compte que les fonds de pots qui me restaient après avoir bricolé, et que j’amenais au « centre de recyclage » ne finissaient pas recyclés, mais incinérés ! En tant que chimiste, je sais ce qu’il y a dans une peinture, et le coût environnemental de les fabriquer : tout ça, ça a du sens si c’est pour finir sur un mur, mais pas du tout pour finir comme combustible qui brûle mal !
Quand j’ai creusé le sujet, je me suis rendue compte qu’une filière de recyclage existait déjà au Québec, et je me suis dit : on a besoin de ça ici aussi.

Quelles ont été et quelles sont les difficultés dans le recyclage de peintures ? 

MG : Ce n’est pas simple . D’abord il a fallu développer une très bonne connaissance du flux de déchets de peinture, que personne n’avait donc ne pouvait nous transmettre. Ensuite c’est le procédé de formulation qu’il a fallu créer : à partir d’une matière première qui change à chaque fois, il faut arriver à une peinture qui est exactement la même pour l’utilisateur, c’est très pointu ! Et c’est une approche complètement différente de ce qui est pratiqué dans l’industrie de la peinture.
Quand on rentre dans le détail technique, les peintures françaises sont trop différentes de celles du Québec pour pouvoir juste transposer ce qu’ils ont fait, il a vraiment fallu tout recréer.
Et puis, quand on fait bouger un statu-quo, on dérange des lobbies, il faut aussi lutter contre ça…

Et Circouleur, ça représente combien aujourd’hui ?

MG : Aujourd’hui nous sommes 15, dont 3 personnes en insertion et 1 qui a fini son parcours d’insertion en étant embauché en CDI chez nous. Nous sommes très fiers d’avoir cet impact social. Il y a des milliers et des milliers de litres de peintures qui ont déjà refait tout un nouveau cycle de vie et ont fini sur les murs de quelqu’un au lieu d’aller à l’intérieur d’un incinérateur. Grâce à nous, il y a 123 tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère, on contribue à lutter contre le changement climatique !

Actuellement, Circouleur agit en Gironde, c’est ça ? Et demain ? Avez-vous prévu d’étendre la portée de Circouleur et, si oui, à quelle échelle ?

MG : Nous sommes basés à Blanquefort à côté de Bordeaux, mais nous recyclons déjà des peintures provenant de toute la région. Et pour les ventes, nos peintures sont déjà distribuées jusqu’à l’autre bout de la France ! On a bien l’intention de recycler toutes les peintures de France, et répliquer notre modèle dans les autres pays d’Europe aussi !

Concrètement, je suis citoyen.n.e, je suis bricoleu.r.se, je suis un consommateur/une consommatrice. Comment puis-je soutenir votre projet et aller dans votre sens ?

MG : Déjà vous pouvez le soutenir en en parlant auprès de vous ! Et la prochaine fois que vous avez des travaux de peinture à faire, demandez notre peinture dans votre magasin habituel, ça le motivera à référencer nos peintures !
S’il ne l’a pas encore, vous pouvez trouver la liste de nos distributeurs sur notre site, et même commander en ligne s’il n’y a pas de magasin suffisamment près.
Vous pouvez aussi nous suivre sur les réseaux sociaux !

Et comment Circouleur se finance ? Quel est votre modèle économique ? Quels sont vos partenaires, vos distributeurs ?

MG : Nos peintures sont distribuées dans des magasins de décoration comme l’enseigne 4 Murs, et dans des grandes surfaces de bricolage (Brico E. Leclerc, Les Briconautes…). Ce sont ces ventes qui financent la filière de recyclage. Avant d’avoir le volume suffisant pour être rentables, nous avons été soutenus par des partenaires financiers comme l’ADEME, la Région Nouvelle Aquitaine et Bpifrance.

Et toi, Maïlys, tu as d’autres projets en vue ?

MG : Tout mon temps est pris par Circouleur et mon statut de jeune maman, donc non, pas d’autres projets pour moi en ce moment !

Maïlys, tu nous as appris que même les peintures se recyclent et ne sont pas forcément vouées à l’incinération, que nous pouvons aussi réduire notre empreinte, sur ce type d’achat. Un grand merci pour cet échange et un grand bravo pour cette superbe idée. Merci pour ton dynamisme et ta vision pour un monde de demain plus raisonné, plus réfléchi.
Un mot pour conclure ?

MG : N’oubliez pas que les pots entamés doivent être ramenés en déchetterie, même dans celles que l’on ne dessert pas encore !

Fondatrice : Maïlys Grau.
Cofondatrice : Marianne Rittaud.

Pour plus d’infos, retrouvez-les sur :
https://circouleur.fr
https://www.facebook.com/Circouleur/
https://www.instagram.com/circouleur/
https://www.linkedin.com/company/circouleur

Propos recueillis par Cédric LOY, Zero Waste Bordeaux