Après un article sur L’Armoire Poéthique, nous continuons notre série de portraits avec Emmaüs Aquitaine.

#Zoom sur c’est une série de portraits d’acteurs, agissant pour un monde de demain réfléchi et durable en lien avec la réduction des déchets et la lutte contre le gaspillage. 

# 18 – Zoom sur Emmaüs Aquitaine – entretien avec Thierry Halluin, directeur de la communauté Emmaüs de Parempuyre

Thierry, merci beaucoup de donner de ton temps aujourd’hui pour ce nouvel article Zoom consacré à un acteur girondin, aquitain et même national, à la fois une fabrique d’innovations sociales et de solidarités pour aider des publics en situation de grande précarité, et un front engagé et militant en faveur d’une société plus humaine et plus juste : Emmaüs Aquitaine.

Tout d’abord, de quand datent les débuts d’Emmaüs, et d’Emmaüs Aquitaine ? Dans quel contexte ou après quel déclic Emmaüs a-t-il vu le jour et, d’ailleurs, pourquoi ce nom ?

La première communauté date de 1949 et le mouvement fut lancé après l’appel de l’abbé Pierre de 1954. Localement notre communauté date de 1969 et s’installe à Parempuyre en 1970.  L’association prend le nom Emmaüs Aquitaine en 1982. A l’époque nous étions la plus grande communauté de la région aquitaine mais les choses ont évolué et le nombre de communautés a augmenté sur la région.

Et que propose Emmaüs Aquitaine ? Quelles actions sont menées, quels services sont proposés aux citoyen(ne)s ?

Nous proposons un accueil inconditionnel à des personnes en grande précarité ou exilés. Les compagnes ou compagnons s’inscrivent dans une activité de recyclage, revalorisation de divers produits.
La communauté vit de sa seule activité sans subvention de fonctionnement.

Et où pouvons-nous trouver les points de vente Emmaüs Aquitaine ?

La communauté de Parempuyre membre d’Emmaüs France et d’Emmaüs International est totalement indépendante de la société Emmaüs Gironde. La communauté de Parempuyre gère aujourd’hui une annexe à Bazas et une boutique à Libourne.
Il s’agit de la seule communauté Emmaüs dans le département. Nansouty/Cenon/Darwin dépendent d’un autre type d’organisation non communautaire.

Et que pouvons-nous trouver dans ces boutiques ?

Sur notre point de vente de Parempuyre (7000 m2), nous trouvons vêtements, livres, électroménager, divers meubles, un ensemble de bibelots de vaisselle mais aussi des produits de bricolage.
Enfin, on trouve de tout même des choses rares. Sur Bazas et Libourne, les surfaces sont plus restreintes.

Aurais-tu des chiffres sur ce que les boutiques d’Emmaüs Aquitaine ont permis d’éviter en tonnes de déchets et/ou en tonnes de gaz à effet de serre ?

Oui, voici quelques chiffres :

  • Tonnage DEA (Déchets d’Eléments d’Ameublement) : 498 tonnes vendues et 123 tonnes recyclées,
  • Tonnage D3E (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques) : 121 tonnes recyclées,
  • Tonnage carton/papier : 78.29 tonnes recyclées.

Côté emplois, combien êtes-vous dans l’organisation Emmaüs en Gironde pour permettre son fonctionnement ?

Nous accueillons une cinquantaine de compagnes et compagnons sous statut OACAS.
Pour gérer l’ensemble, nous avons 7 CDI, dont une intervenante sociale plus orientée vers l’avenir et l’insertion des compagnes et compagnons.

Sur le site, il est évoqué pour décrire Emmaüs, « un front engagé et militant en faveur d’une société plus humaine et plus juste ». Peux-tu nous en dire plus s’il te plaît sur ce que cela signifie, et ce que cela engendre sur les actions menées ?

Tout d’abord cela engage chaque compagnon. S’il le désire, il peut être membre de l’association (4 postes au conseil d’administration leur sont réservés). Cela engage aussi l’ensemble associatif à développer des actions de solidarité tant locales que nationales ou internationales.

Et Emmaüs d’aujourd’hui est-il toujours dans la lignée de l’Emmaüs imaginé initialement ? Les problématiques et les enjeux restent-ils toujours les mêmes qu’initialement ?

Le manifeste universel élaboré en 1969 demeure le document de référence. En ce qui concerne les communautés qui sont une des branches du mouvement, il existe une recherche constante d’adaptation de nos propositions avec les nouvelles formes d’exclusion et/ou de précarité.

En Gironde, quels sont vos soutiens ?

Il existe un soutien de la fondation Abbé Pierre, d’Emmaüs Connect départemental, d’Emmaüs France mais aussi de la CPAM pour le registre santé ou de la Métropole dans l’action générale, gestion des déchets que nous réalisons. Sans que cela s’examine comme un soutien direct, nous essayons de maintenir un lien de confiance avec les services préfectoraux.
Enfin plusieurs associations locales ou MDSI ont recours à notre aide tout en soutenant notre action. Mais les premiers soutiens dans notre projet solidaire sont nos donateurs d’objets.

En quoi ces soutiens sont indispensables et comment leur aide est précieuse pour le maintien des activités et des boutiques, voire pour son développement ?

La diversité partenariale mise en place est essentielle afin d’assumer l’ensemble des besoins primaires des compagnes et compagnons. De plus, depuis le changement de gouvernance en 2019, il existe une volonté de développer des partenariats essentiels en matière de logements, d’accès aux droits et à la culture. Dans ces soutiens nous devons aussi prendre en compte l’aide apportée par Emmaüs France en matière de formations et de loisirs.

Une nouvelle boutique s’est ouverte dans la galerie marchande du centre commercial Carrefour situé dans le quartier Verdet de Libourne. Quel bonheur de voir ce type de boutique émerger dans un centre commercial ! Peux-tu nous en dire plus sur ce qui a poussé l’ouverture d’une boutique en ce lieu ?

Nous souhaitions depuis plusieurs années développer le principe communautaire et son type d’activité sur le département et l’assemblée générale avait voté en 2019 l’idée d’ouverture d’une communauté sur Libourne (La COVID et les problèmes financiers qu’elle a engendrés ont ajourné le projet). Nous débutons plus humblement par une boutique éphémère proposée par Carrefour.

Et Emmaüs rencontre-il des difficultés ou des freins dans son action au quotidien en Gironde? Si oui, quels sont-ils ? Si cet article peut les mettre en avant et aider, n’hésitons-pas !

Nous devons développer l’image du modèle communautaire ou comment une inscription dans l’économie circulaire permet de façon autonome le soutien de populations en grande précarité. L’action première, c’est solidaire et citoyenne, nos clients dès lors ne plus des clients mais des partenaires. Cela montre notre différence dans le nouveau marché de la seconde main.

Justement, je suis citoyen(n)e de Bordelais et/ou Girondin, je prends connaissance l’antenne Emmaüs Aquitaine et de ces lieux exceptionnels que sont les boutiques et les points d’apport volontaire. Si je souhaite apporter mon soutien, comment et que puis-je faire concrètement ?

Tout d’abord en utilisant nos ressources avec le don d’objets et l’achat dans nos divers lieux de vente mais aussi en nous contactant afin que l’on recueille à votre domicile gratuitement vos dons.

Nos heures d’ouverture et de réception des dons :

Parempuyre :

  • ventes du lundi au vendredi de 14h00 à 18h00 et le samedi de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00
  • dépôts du lundi au samedi de 9h00 à 12h00 et de 13h30 à 18h00

Bazas :

  • ventes du mardi au vendredi de 14h00 à 18h00 et le samedi de 10h00 à 18h00
  • Dépôts du mardi au samedi de 9h30 à 11h30 et de 14h00 à 18h00

Libourne :

  • ouvert du mardi au samedi de 10h00 à 19h00

Thierry, avec les équipes d’Emmaüs Aquitaine, tu es au quotidien dans l’empathie, l’entretien des liens, ou encore dans la vigilance face aux enjeux sociaux et environnementaux actuels. J’aime souvent terminer de cette manière les échanges Zoom. Si tu n’en avais qu’un. Quel serait ton rêve ?

Que se réalise une des paroles de l’abbé Pierre

« Il faut que la voix des hommes sans voix empêche les puissants de dormir » et « comment faire se rejoindre ceux qui savent et ceux qui peuvent ?»

Thierry, un grand merci pour ce moment de partage très intéressant, et toutes mes félicitations à toi et à l’ensemble des équipes d’Emmaüs Aquitaine et national et à vos différents soutiens. Un mot pour conclure ?

Développons le modèle communautaire où la richesse de rencontrer l’autre dans une action partagée et solidaire au bénéfice de tous et du vivant.

Propos recueillis par Cédric LOY, Zero Waste Bordeaux