#Zoom sur c’est une série de portraits d’acteurs, agissant pour un monde de demain réfléchi et durable en lien avec la réduction des déchets et la lutte contre le gaspillage. 
Après un article sur Football Écologie France, nous continuons notre série de portraits avec un acteur associatif engagé dans le domaine du réemploi adapté au monde du sport.

# 05 – Zoom sur La Recyclerie Sportive – entretien avec Thibault Labarre : 

Thibault, tu vas nous parler de la Recyclerie Sportive.
Peux-tu nous en dire plus sur la date de création de l’association et son origine ?

TL : La Recyclerie Sportive est née en Ile-de-France (Massy) en 2015, de la rencontre de Marc Bultez et Bérénice Dinet, respectivement issus du monde du sport et du déchet.
De 2 sites en 2018 sur Massy et Paris, l’association compte désormais 6 sites dans 4 régions de France.
Depuis Février 2020, La Recyclerie Sportive est présente en Gironde, et plus précisément à Mérignac.

Et à La RS de Mérignac, que pouvons-nous trouver ?

TL : Nous proposons une multitude de choses : pas uniquement la collecte et la redistribution de vêtements et matériel sportifs de seconde main, mais aussi un volet sensibilisation (au sein d’événements, dans des quartiers prioritaires, en milieu scolaire et périscolaire, au sein de CSE d’entreprises), mais aussi des ateliers de co-réparation de matériel sportifs et des ateliers créatifs autour du ZD.

 


Concernant les collectes dans de grandes enseignes : nous récupérons l’ensemble des articles présents dans les plateformes visitées, et ne rendons que très peu d’articles (paires chaussures trop abimées, ou articles en trop). Au total, c’est 90% des articles (usagés, défectueux) qui sont pris et traités par La RS.

Et La RS de Mérignac, ça représente actuellement combien de personnes ?

TL : Actuellement, nous sommes 2 salariés (bientôt 3), aidés par 2 services civiques à certaines périodes et des bénévoles.
Mathieu gère la sensibilisation et vie associative, moi la coordination, le développement, le partenariat et la collecte.

Parle-nous de toi maintenant. Tu es le responsable de la RS de Mérignac.
Pourquoi, quel était ton idée, ton objectif ?

Fonctionnaire en Sud Gironde (service jeunesse & sport), je me rendais de plus en plus compte de l’importance des efforts à réaliser et de l’ampleur de la tâche. J’avais de vagues idées sur ce que je voulais faire et, en prenant connaissance de la RS, j’ai eu envie de participer au projet. Nous avons mis 1 an à monter le projet. La RS Mérignac est donc devenue la première du nom à se lancer hors Île de France.

Et pour revenir au modèle de La RS et à son développement, aujourd’hui, où en êtes-vous du déploiement ?

TL : Début 2021, plusieurs sites étaient déjà opérationnels : Massy, Paris, Bordeaux, Marseille.
Puis le tour de Lyon fin aout, Boulogne Billancourt actuellement en cours et Chambéry d’ici à la fin d’année.
Concrètement, un rythme d’environ 2 ouvertures / an, si on ne prend pas en compte la crise sanitaire.
Nous sommes désormais maintenant dans une phase accélérée d’essaimage : ce sont maintenant aussi bien les collectivités qui sollicitent La RS pour avoir leur recyclerie sportive que des porteurs de projets qui nous font part de leur perspective.

Mais avec toutes ces entités La RS, où en sommes-nous des déchets sportifs ? L’effort est-il encore considérable ?

TL : 104 000 tonnes de déchets sportifs sont produites chaque année. Tous sites confondus, La Recyclerie Sportive en collecte 100/120 tonnes.
Donc le sommet de la montagne est encore très haut !
Au 01/01/2022, les filières REP (Responsabilité Elargie du Producteur) arriveront sur tout le matériel sportif.

Concernant la RS de Mérignac, quelles ont été et quelles sont les difficultés dans vos actions ?

TL : Premièrement, et assurément : le fait de s’être lancés début 2020, en pleine crise sanitaire : pas d’action de sensibilisation pendant presque un an et 3 fermetures de boutique pour confinement.
Cet été : nous avons été victimes de notre succès et avons atteint nos limites en RH après un recrutement début d’année sur le Pôle sensibilisations et avoir été 4 (dont 2 services civiques).
Côté boutique, dès le 3e confinement, nous avons ressenti une forte augmentation de la fréquentation ainsi que de la collecte.
Pour résumer, la demande a explosé pour chacun de nos Pôles ! On ne s’en plaint pas après ces longs mois de galère mais c’est sportif !!

D’ailleurs, nous recherchons actuellement encore 1 personne pour le Pôle logistique : n’hésitez pas à vous rendre sur notre site et à postuler !

 A court, moyen et long termes, quelles sont les perspectives d’évolution de La RS Mérignac ?

TL : A court terme : développer/structurer le site avec du recrutement et recherche de nos nouveaux locaux (avant fin mars 2022),
A moyen terme : créer un lieu de vie de co-réparation, pour apprendre à réparer tout le matériel sportif : roller, skate, fartage de skis, etc. En attente de local, ces ateliers de co-réparation sont déjà proposés, par exemple cet été dans certains quartiers.
A moyenne échéance, c’est donc aussi rechercher de bénévoles connaisseurs dans la réparation de matériel plus spécifique.
A long terme : le projet ÏKOS – Des objets Des lendemains, consistera à créer une galerie marchande et un lieu de production pour une dizaine d’entités, pour début 2024. Dans le futur, ce sont 9 structures du réemploi qui seront rassemblées pour créer un village : Le livre vert, le Relai, atelier d’éco-solidaire, Echange Nord/Sud, Les Compagnons Bâtisseurs d’Aquitaine & Solibat, Air3, Replay, Envie et La RS.

Concrètement, je suis citoyen.n.e, comment puis-je soutenir votre projet et aller dans votre sens ?

TL : Venir acheter dans notre boutique plutôt que neuf (moins cher ! Moins de 50% du prix. Souvent 1/3). Économique/Écologique !
Venir s’investir bénévolement dans une asso (ouvrir la porte et venir voir qu’une ressourcerie n’est pas un lieu dégradé : vrai besoin écologique), Parler de nous, montrer qu’on existe !

Quel est votre modèle économique ? Quels sont vos partenaires, vos sponsors ?

TL : MAIF nous soutient en Gironde. Ils avaient justement mis à disposition des écobox lors de l’événement No Planet B(ordeaux) organisé sur les quais le 26/09, pour que chacun puisse amener ses vêtements / articles de sports dont il ne se sert plus.
Fondation Décathlon nous ont également aidé pour l’essaimage. SNCF et bien d’autres également (voir notre site).
Et puis, bien sûr, les collectivités territoriales nous soutiennent, les régions, les métropoles & mairies, sans oublier les appels à projets.
Notre modèle économique repose également sur les ateliers réalisés dans le monde de l’entreprise, les prestations de sensibilisation auprès de bailleurs sociaux/collectivités), et enfin la redistribution (commerce).

Thibault, avant de terminer, j’aimerais te demander : quel serait ton rêve ?

TL : Qu’on n’existe pas. Parce-qu’on vient répondre à une immense problématique (sur 140 000T déchets du sport, 104 000T vont à la poubelle chaque année), que tout soit réparable ou, au pire, recyclable à l’infini.

Thibault, merci beaucoup pour cet échange et bravo pour vos actions au sein de La Recyclerie Sportive.

Pour plus d’infos, retrouvez-les sur :

https://recyclerie-sportive.org/
Facebook / Instagram / Linkedin

Propos recueillis par Cédric LOY, Zero Waste Bordeaux