Après un article sur l’Atelier D’éco Solidaire, nous continuons notre série de portraits avec Le Livre Vert, entreprise d’insertion qui collecte et valorise les livres et biens culturels de seconde main.
#Zoom sur c’est une série de portraits d’acteurs, agissant pour un monde de demain réfléchi et durable en lien avec la réduction des déchets et la lutte contre le gaspillage. 

# 10 – Zoom sur Le Livre Vert- entretien avec Vera DaCunha

Vera, tout d’abord merci d’intervenir pour ce nouvel article Zoom. Tu vas nous parler aujourd’hui de « Le Livre vert ». Mais, déjà, pourquoi le nom « Le Livre vert » ?

VD : Pas évident de décrire l’origine du nom Le Livre Vert ! Lorsque l’on créé un nouveau projet, on cherche un nom qui va refléter notre volonté sur le moment. Or pour nous c’était de faire du livre, un livre vert, un livre qui ne pollue pas, qui ne vient pas s’ajouter aux quantités déjà importantes de livres imprimés chaque année, mais au contraire, qui vient participer à une meilleure circulation des livres déjà existants pour les utiliser encore et encore avant qu’ils ne deviennent un « déchet ». Cela a donc trait à l’écologie et à l’environnement. Le vert est la couleur qui est la mieux associée à ces idées.

Très bien, merci. Et d’où est partie l’idée, et comment a-t-elle émergée ?

VD : Pas d’idée de génie, nous étions seulement deux grands consommateurs de livres n’ayant pas trouvé une vraie solution pour donner ceux dont on voulait se défaire !
En cherchant localement, nous n’avons pas trouvé de solution qui nous permette de donner tous les livres que l’on ne voulait pas jeter. Alors on s’est dit que forcément d’autres personnes étaient dans notre cas, et nous avons donc imaginé Le Livre Vert. D’ailleurs, le premier appel que nous avons reçu c’était de la part d’une bibliothèque ! Notre particularité c’est de proposer un service complet : nous ne récupérons pas uniquement ce qui va nous servir pour la revente, mais tous les livres dont les gens ne veulent plus, ce qui change la donne. Aussi, on peut se retrouver avec un carton rempli des derniers best-sellers à côté d’une belle pile d’encyclopédies !

Et donc que propose la structure aux Girondines et Girondins ?

VD : Le Livre Vert propose aujourd’hui un service de collecte de livres et autres produits culturels (CD, DVD, jeux de société, disques vinyles), aussi bien auprès des particuliers que des professionnels.
De cette manière, des bornes de collecte sont disposées sur la voie publique pour faciliter le don de proximité ; nous en avons par exemple à Bordeaux Caudéran, ou encore à Pessac et dans certaines déchetteries de la Métropole. Les professionnels sont souvent des bibliothèques qui désherbent chaque année des milliers de livres et qui font le choix de nous les donner pour participer à l’action sociale de notre structure. Nous avons également tout un réseau de bacs de collecte, disposés auprès de partenaires comme la Biocoop notamment. Ce sont plus de 100 points de collecte sur la Métropole qui nous permettent de donner accès à ce service à un maximum de personnes. Nous nous déplaçons également à domicile, mais uniquement à partir d’une certaine quantité (une centaine de livres).

Quand on lit le nom de l’entreprise, on pense assez rapidement et logiquement aux livres. Mais il y a d’autres objets que vous proposer ?

VD : Nous collectons effectivement majoritairement du livre, disons à 95% ! Mais les gens sont aussi contents de savoir que nous récupérons tous les produits culturels : les CD, DVD, disques vinyles et même jeux de société ! Précision pour les cassettes VHS que nous n’acceptons pas encore, n’ayant pas trouvé le moyen de recycler tous les composants.

On comprend donc assez vite l’engagement environnemental qu’a votre structure. 

VD : Tu aurais quelques chiffres à nous donner sur la quantité de livres jetés par an en France ou, à l’inverse, les quantités détournées de la poubelle grâce à Le Livre vert ? Pour notre part, ce sont plus de 500 tonnes qui ont été collectées en 2021. Parmi ces 500 T, environ 70% sont des livres qui ont été recyclés car leur contenu ou état n’était pas en accord avec la revente. Les 30% restants nous ont permis de financer la structure sur l’année, par la revente sur internet ou lors de nos braderies.

Et concrètement, à défaut d’un futur plus désirable passant par la seconde main, les livres jetés deviendraient quoi ?

VD : Il me semble qu’ils sont brulés, mais sans certitude.

On est d’accord, Le Livret Vert est une structure d’entreprise ? La structure représente combien d’employé(e)s/de stagiaires/de bénévoles ? 

VD : Oui, Le Livre Vert est une entreprise d’insertion. L’aspect économique est très important, car nous nous autofinançons à plus de 80%, et notre activité économique, la revente de livres, est le socle de notre mission sociale qu’est l’insertion de personnes éloignées de l’emploi. Nous sommes aujourd’hui 26 salariés, dont 15 personnes en parcours d’insertion. Étant une entreprise, nous ne pouvons pas accueillir de bénévoles, malgré les nombreuses demandes !

Et côté financement, Le Livret Vert a-t-il des aides, des partenaires, des financeurs ou mécènes ? Quel est votre modèle économique ? 

VD : Nous avons travaillé pendant des années sur notre modèle économique ; la revente de livres d’occasion sur internet est un marché ultra concurrentiel. Nous sommes aujourd’hui une structure solide économiquement. Notre objet social étant l’insertion par l’activité économique, nous recevons des subventions de l’Etat, ainsi que des institutions locales. De cette manière, chaque échelon participe à sa manière à notre développement : la mairie, Bordeaux Métropole, la Région Nouvelle Aquitaine, l’ADEME…

Si tu avais une lampe magique et que tu pouvais estomper ou supprimer des freins dans votre action au quotidien, ça serait lesquels ?

VD : Le parcours n’a pas été facile, et on s’est accroché avec Nicolas pour faire du Livre Vert ce qu’il est devenu aujourd’hui ! Je ne vais pas citer des freins que nous avons eu, ils ont été nombreux, parfois minimes, d’autres majeurs qui auraient pu mettre en grande difficulté l’entreprise. Je vous fais seulement part de la difficulté d’entreprendre, et de la satisfaction que nous avons aujourd’hui à voir évoluer notre structure avec toujours de nouveaux collègues qui eux aussi se sont approprié le projet et y participent activement chaque jour.

Actuellement, le site est implanté à Bordeaux (210 Av. du Dr Schinazi). Vous avez d’autres projets d’ouverture dans d’autres coins ou des projets d’extension ? Et côté offres pour demain ? Vous avez prévu d’étendre l’offre proposée, en termes de produits proposés ?

VD : Le Livre Vert est un membre fondateur du projet Ikos qui regroupe plusieurs structures locales, toutes impliquées dans le réemploi : Le Relais Gironde, L’Atelier déco Solidaire, R3, Les Compagnons batisseurs, Envie Gironde, Echanges Nord-Sud, Replay et la Recyclerie Sportive. Avec nos collègues, nous voulons créer le premier village du réemploi, un projet inédit qui permettra de regrouper au sein d’un même lieu, un centre commercial du réemploi avec uniquement des objets de deuxième main.

Après la lecture de cet article, je découvre votre projet et aime beaucoup le concept. Je suis citoyen(n)e de Nouvelle-Aquitaine. Comment puis-je soutenir Le Livre Vert ? Que puis-je ramener, que puis-je faire ?

VD : Vous pouvez déjà parler de nous autour de vous ! Le bouche à oreille fonctionne parfaitement pour les projets comme Le Livre Vert ! Puis vous pouvez penser à nous pour donner des livres ! Si tu te déplaces à notre entrepôt, il y a une visite guidée assurée ! Et enfin, vous pouvez aussi acheter vos livres sur notre site www.lelivrevert.fr

Vera, avec Nicolas Fesquet, tu es au quotidien dans l’échange, le partage, la vente, la solidarité ou encore la diffusion de la Culture. Si tu n’en avais qu’un. Quel serait ton rêve ? 

VD : Je souhaite sincèrement que Le Livre Vert dure aussi longtemps que possible, et se développe aussi loin que possible pour créer un maximum d’emplois en insertion. C’est ce qui motive toute l’équipe, nous à la direction, l’accompagnatrice socio-professionnelle, les encadrants techniques… on a cette mission qui nous tient à cœur et on aimerait pouvoir en faire profiter un maximum de personnes.

Vera, grâce à cet échange et aux actions menées par toi, Nicolas et l’ensemble des équipes de Le Livret Vert, nous avons pu apprendre le destin tragique qu’a un bon nombre de nos livres, mais aussi et surtout connaître une alternative réjouissante pour leur donner un futur désirable. Merci beaucoup pour cet échange, Vera, et un grand bravo à l’ensemble de l’équipe pour vos actions quotidiennes. Un mot pour conclure ? 

VD : Faites circuler vos livres, ils créent de l’emploi localement.

Bravo aux 2 co-fondateurs : Vera DaCunha & Nicolas Fesquet et à l’ensemble de leur équipe.

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Propos recueillis par Cédric LOY, Zero Waste Bordeaux